Cérémonie du 14 juillet

La traditionnelle cérémonie du 14 juillet, s’est déroulée, comme à l’accoutumée, en deux temps.

Un hommage rendu au Monument aux Morts pour célébrer notre Fête Nationale et rendre hommage à notre Nation.

Le second devant la plaque commémorative des faits de résistance du Groupement de Contrôle Radioélectrique (G.C.R.).

Retrouvez, ci-dessous, les allocutions de M. le Maire, Didier Corre et de M. François Romon.

Discours de M. le Maire devant le Monument aux Morts :

Nous nous réunissons aujourd’hui, en ce 14 juillet, devant ce Monument aux Morts pour célébrer ensemble notre Fête nationale, un jour où nous rendons hommage à notre nation : son passé, son présent et son avenir.

 Il y a 235 ans, en 1789, le peuple français se révoltait contre l’Ancien Régime. La Bastille, symbole de l’oppression royale, est tombée. En ce jour, nous célébrons l’esprit de la Révolution – la liberté, l’égalité, la fraternité – ces valeurs qui sont le cœur et l’âme de notre République.

Et il ne faut jamais oublier que ces valeurs ne sont pas des acquis et qu’elles nécessitent notre engagement continu et notre vigilance de tous instants. Ils doivent être défendus et préservés, car ce sont ces valeurs qui assurent les droits de chacun d’entre nous. 

C’est pourquoi aujourd’hui, alors que nous célébrons notre Fête nationale, je vous invite à réfléchir à notre société et à son devenir. Nos célébrations d’aujourd’hui sont donc l’occasion de méditer sur ce qui a été accompli et de renouveler notre engagement à travailler pour un avenir meilleur. 

Les forces de l’ordre, les pompiers, le personnel soignant et d’aide à la personne, les enseignants, les services municipaux, les bénévoles des associations, leur dévouement et leur engagement sont une source d’inspiration pour nous tous. 

Je suis convaincu que, ensemble, nous pouvons continuer à bâtir une communauté plus forte, plus unie et plus prospère. Cependant, en ce jour où nous célébrons notre histoire, notre présent et nos espoirs pour l’avenir, il est important de reconnaître également certains défis auxquels notre nation est confrontée. 

Ces dernières années, il est devenu de plus en plus évident que notre société semble parfois perdre de vue les principes fondamentaux sur lesquels la République française a été bâtie. J’observe avec inquiétude une certaine perte de repères. Une bonne partie de la population, dans un monde de plus en plus complexe, parfois difficile à comprendre, se sent désorientée. 

La diminution de la confiance dans les institutions et le sentiment croissant de désillusion conduisent, comme on a pu le constater au cours des dernières semaines, à une perte de valeurs qui sont au cœur de notre République et amènent beaucoup de Français à se laisser convaincre par les discours populistes des partis politiques extrémistes qui valorisent l’exclusion plutôt que l’inclusion, et qui prônent la haine plutôt que la fraternité. 

Face à cette réalité, il est crucial de redoubler d’efforts pour réaffirmer et renforcer les principes de liberté, d’égalité et de fraternité pour lesquelles tant d’hommes et femmes se sont sacrifiés à l’instar de ceux dont les noms sont inscrits sur les Monuments aux Morts. 

En ce jour de Fête nationale, rendons hommage à ces héros, célèbres ou anonymes, qui ont fait preuve de courage et de détermination pour combattre l’obscurantisme et nous permettre de vivre dans un pays libre. 

La République et la Démocratie sont des richesses qui méritent qu’on se batte pour elles, pour les préserver, pour les enrichir, pour les enraciner, pour les conforter… et d’abord au quotidien pour ne jamais les dégrader dans nos communes. 

Vive la République et Vive la France”

Discours de Monsieur le Maire devant la plaque commémorative du G.C.R.

Le 25 juin 2007, cette plaque commémorative des faits de résistance du Groupement de Contrôle Radioélectrique était dévoilée à l’entrée de la mairie. Depuis cette date, chaque année, le 14 juillet, en plus de la cérémonie habituelle au Monument aux Morts, nous déposons devant elle une gerbe et que nous nous recueillons. 

C’est pour les hauterivois, leur façon de rendre annuellement hommage aux hommes du GCR qui, comme les martyrs que nous honorons le 14 août dans le parc des « DOMINICAINS », ont résisté, ici à Hauterive, contre l’occupant pendant la guerre. 

Qui étaient-ils ? Quelle a été leur action ? 

Le mieux pour le comprendre, c’est de reprendre la chronologie des faits telle que l’a établie Monsieur François ROMON (fils du Commandant ROMON qui dirigeait le Groupement d’Hauterive). 

« Dès le lendemain de l’Armistice signé par Pétain en juin 1940, le général Weygand, alors ministre de la Défense Nationale, veut regrouper ce qui reste des unités d’écoutes radio de l’Armée française, et les préserver de la démobilisation. C’est ainsi qu’est créé le Groupement des Contrôles Radioélectriques, le GCR. Le GCR est dirigé par le colonel Paul LABAT. Il comptera pendant l’Occupation jusqu’à 400 membres, militaires des transmissions ou spécialistes civils des écoutes radio, répartis dans le centre principal, ici à Hauterive, dirigé par le commandant Gabriel ROMON, et dans 4 autres centres secondaires, à Francheleins dans l’Ain, Bouillargues près de Nîmes, Bordères sur l’Echez près de Tarbes et Argenton sur Creuse, tous donc dans la Zone alors dite « libre ». 

Le GCR est officiellement chargé d’écouter les émissions radio, militaires et civiles, nationales et internationales, pour le gouvernement de Pétain. Mais, officieusement, il s’agit de sauvegarder le potentiel technique des transmissions de l’Armée française en vue de la reprise du combat contre l’envahisseur. 

Un protocole secret est en effet signé entre le Ministre de la Défense Nationale et le Directeur des Postes Télégraphe et Téléphone, les PTT, pour que des officiers des transmissions, tels Paul LABAT, Gabriel ROMON ou Claude BERMAN, soient transformés en ingénieurs des PTT, ce qui les éloigne du contrôle des Commissions d’Armistice, tout en poursuivant leur carrière militaire. Ces hommes figureront ainsi parmi les tous premiers membres de l’Armée clandestine.  

Très vite, sous l’impulsion de Paul LABAT et de Gabriel ROMON, le GCR mettra le matériel et les compétences d’écoute radio dont il dispose au service de la Résistance et des Forces alliées. C’est ainsi que vont être conduites des actions de première importance en vue de la libération : information des émetteurs résistants clandestins lorsqu’ils sont repérés avant que la Gestapo n’intervienne, interception des messages militaires allemands stratégiques et collecte d’informations sur les Forces d’occupation, pour transmission jusqu’en novembre 1942 au 2ème Bureau de l’Etat-major de l’Armée d’Armistice tolérée par l’Occupant, puis, ensuite, au Bureau Central de Renseignement et d’Action de la France libre de de Gaulle et au MI6 de l’Intelligence Service à Londres, constitution de dépôts clandestins de matériel de transmission militaire. Après novembre 1942, avec l’invasion de la Zone sud par l’Armée allemande, et la dissolution de l’Armée d’Armistice, la répression nazie s’intensifie, la Milice de Pétain se déchaîne. 

En février 1943, Claude BERMAN est muté au sein des PTT à Dijon. En juin 1943, Paul LABAT et Gabriel ROMON sont à leur tour mutés à Paris. Pour la direction des PTT il s’agit d’essayer de protéger ces officiers, trop compromis, en les éloignant du GCR qui est maintenant constamment surveillé par la Gestapo. Peine perdue. Ils vont, au contraire, s’impliquer de plus en plus dans des mouvements et réseaux clandestins tels l’Organisation de Résistance de l’Armée, le Noyautage de l’Administration Publique, le Réseau Kléber, le Réseau Gallia. Des opérateurs radio seront recrutés à Paris, dont beaucoup viennent du GCR, tels Maurice RENAULT, Louis LOUYS, jean PORTENAERT, Emile GLEVAREC ou Roger DELILLE, pour former le Groupe dit « du commandant ROMON », mis à la disposition du Réseau Alliance. Le 12 décembre 1943, suite peut-être à une dénonciation par un ancien membre du GCR passé à la Milice, ou à cause d’aveux obtenus sous la torture d’un résistant déjà arrêté, la Gestapo vient appréhender Gabriel ROMON chez lui à Saint Yorre. Le lendemain, de nouvelles arrestations ont lieu, ici même, au Château des Cours. Le lieutenant ZECHT et le sergent ROBERT parviennent à rejoindre le maquis. Le 30 mars 1944, c’est au tour du colonel LABAT d’être arrêté à Paris, suivi le 4 avril par le lieutenant BERMAN, également arrêté à Paris. Au total, vingt-quatre agents du GCR seront arrêtés. Gabriel ROMON, 39 ans, qui avait affiché, dans son bureau de Directeur du GCR d’Hauterive, ce vers d’Edmond ROSTAND : « C’est la nuit qu’il est beau de croire en la lumière », sera fusillé à Heilbronn en Allemagne, à l’aube du 21 août 1944, quelques jours avant la libération de Paris. Jean PORTENAERT, opérateur radio au Centre d’Argenton sur Creuse du GCR, sera fusillé en même temps que lui. Il avait 26 ans. De même, un peu avant eux, René ZECHT, tombé dans une embuscade tendue à son maquis, sera exécuté à Villeneuve sur Ain le 13 juin 1944. Il avait 41 ans. Raymond ROBERT sera tué au combat lors d’un engagement de son maquis le 27 mars 1944. Il avait 42 ans. Quant à Paul LABAT, leur chef à tous, celui que ses compagnons des Transmissions ont surnommé avec respect et affection « l’ingénieur-soldat », il est conduit au camp d’extermination du Struthof. Il sera abattu d’une balle dans la nuque, le premier septembre 1944. Il avait 44 ans. Les nazis jetteront ensuite son corps au feu avec ceux de dizaines d’autres prisonniers exterminés de la même façon, dont trois sous-officier et opérateurs radio du GCR. Sur les vingt-quatre agents du GCR arrêtés, huit seulement reviendront des prisons et des camps de concentration. Claude BERMAN réussira, quant à lui, à s’échapper du train qui l’emmène vers la déportation et participera ainsi à la libération de Reims avec l’Armée de Patton, puis à l’installation du nouveau GCR de la Libération à la Forteresse du Mont Valérien. ».

 

A la suite de ce récit, je souhaite vous lire le message que Monsieur François ROMON, ne pouvant être parmi nous aujourd’hui, m’a fait parvenir et auquel je m’associe pleinement :

 « Ces résistants du GCR sont l’honneur d’Hauterive. Ils doivent rester pour nous tous un exemple, dont nous aurons toujours besoin pour faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

 Refuser les discours de haine et d’exclusion raciste, xénophobe ou religieuse, proscrire le repli identitaire, les atteintes aux libertés publiques et individuelles, réconcilier les Français entre eux, dans cet épisode que nous vivons aujourd’hui de grands bouleversements politiques, faire face à la menace de la guerre revenue sur le sol européen, est la meilleure façon de leur rendre hommage. » 

Vive la République, vive la France”

Crédits photos : P. Guerrier